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est en bois blindé de tôle, mais pour faire passer la voie du tramway, il a fallu en baisser le seuil, et cette énorme porte ne se ferme plus.

Cette longue promenade dans la ville donne le coup d’œil d’ensemble qu’il est difficile d’avoir sur cette capitale établie dans la plaine, et qui n’offre — à première vue — qu’un amas de masures où alternent les toits de tuiles et de chaume, les premiers relevés aux angles à la chinoise : aspect déconcertant, sans caractère, que l’on ne comprend pas, à moins de parcourir le dédale de ses rues. D’un point élevé des murailles, Seoul apparaît comme une mer de toits gris ou jaunes, rayée par les grandes artères de la ville. Il faut avouer que le touriste n’éprouve à contempler cette vue aucune sensation de beauté, ni de pittoresque. L’art n’a pas secondé la nature dans le tracé de cette ville qui n’a rien d’attrayant, et ne justifie pas son titre de capitale, du moins à première vue.

Dans le faubourg de l’Est, la route est bordée d’auberges, de restaurants, de masures à l’aspect misérable, couvertes de chaume, tandis que dans la grande rue Est-Ouest se voient encore de nombreux toits de tuile.

Dans la journée, le mouvement de cette voie est considérable : petits chevaux coréens chargés de bois, bœufs majestueux qui s’enlizent dans la boue des après-midi ensoleillées ; piétons qui s’entre-croisent sans cesse, et s’engouffrent pêle-mêle, sous la porte, dans un désarroi comique, quand la cloche du tramway se fait entendre. Mais ici les masures sont lamentables, et les gens accroupis devant les auberges sont horriblement sales. Les bœufs sont vraiment les seuls êtres d’une beauté incontestable.