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le Chinois dormiront très tranquilles. Le lit indigène se compose d’une natte sur laquelle l’homme s’allonge, presque nu, ou — en hiver — sous une couverture ouatée, le cou appuyé sur un chevet en bois, ou une pierre qui lui sert d’oreiller. En hiver comme en été, le sol de la chambre à coucher est chauffé, et on n’a pas idée des températures qui règnent parfois dans ces dortoirs où s’entassent les uns contre les autres tous les membres d’une famille. Le sol est formé de dalles très minces recouvrant des canaux de fumée qui traversent la chambre ou la maison d’un bout à l’autre. Le foyer de la cuisine généralement est à une extrémité, et à l’autre émerge dans la ruelle voisine la cheminée, formée d’un simple tuyau de poterie ou de fer blanc. Elle vomit sur le passant la fumée qui a chauffé les dalles des chambres à coucher.

Le sol de la chambre est couvert de papier huilé ; néanmoins des interstices oubliés s’échappent souvent, dans les vieilles baraques surtout, des torrents de fumée au milieu desquels toute la famille dort quand même, grillée par-dessous, empoisonnée par-dessus, ronflant avec accord. D’ailleurs les fenêtres et les portes suffisent à une ventilation relative de la chambre. Le vent entre en vainqueur à travers les glissières, les châssis non jointifs de ces habitations en bois et en papier, véritables boîtes de carton, divisées en compartiments cubiques de deux mètres vingt environ de côté, disposées autour d’une petite cour intérieure, où se passe la vie des femmes coréennes.