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Avant de laver et de repasser les vêtements, il faut d’abord les découdre et les décoller complètement, car les morceaux sont collés, puis cousus ensemble.

Pour laver un petit filet d’eau suffit, propre si cela se peut (et en voyant les canaux de la ville, on se rend compte que cela ne se peut pas toujours). Le lavage demande encore une pierre plate et une sorte de battoir moins large que celui de nos blanchisseuses ; enfin un baquet de bois pour empiler le linge lavé, sans savon bien entendu.

On entend chaque soir, chaque nuit, dans les rues de la capitale, comme on disait poétiquement au temps de Tai-tjo, résonner les quarante mille pierres des quarante mille maisons, avec une activité et un entrain dignes d’admiration. Les ménagères peuvent ainsi, pendant des heures entières, produire un roulement précipité des bâtons sans devenir folles, car cet exercice, qui s’acquiert par l’habitude, leur demande une infernale agilité du bras ! Elles ne l’interrompent que pour déplacer la pièce d’étoffe, ou allaiter leur enfant. Celui-ci d’ailleurs n’est nullement réveillé par ce galop auquel il est habitué.

Cette absence de nerfs et de besoin de confort est remarquable en effet chez les Coréens et les Chinois. On voit fréquemment des gens dormir en plein soleil, coucher sur un tronc d’arbre ou quelque autre lit aussi incommode, la tête pendante, la bouche ouverte, dévorés par les mouches, sans qu’ils semblent en ressentir la moindre gêne, sans faire un geste.

Les quarante mille pierres peuvent résonner n’importe où, autour de n’importe quel bruit, le Coréen,