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Si, à propos de Seoul, j’ai parlé longuement de Tai-tjo, c’est qu’il est un des personnages les plus intéressants de l’histoire de Corée, et qu’il est le premier représentant de la dynastie actuelle des Yi qui a aujourd’hui cinq cent douze ans d’existence (1392-1904).



La première nuit passée en Corée ne manque pas d’impressionner le voyageur, par le bruit étrange qu’il entend et qui semble sortir de terre ou de la maison voisine, puis s’éloigner sous un autre toit de chaume, puis revenir et éclater enfin partout à la fois. C’est un roulement d’abord lent, puis un galop sourd, infernal, un ra-pa-ta-pa-ta-pa-ta-pa-ta-pan prolongé, infini, qui cesse et recommence longtemps, et très tard dans la nuit, comme une gigantesque mécanique qui fonctionnerait partout à la fois.

Ce roulement rapide est produit tout simplement par les repasseuses. Elles préparent, à l’heure où tout Ie monde dort dans la maison, et sans que cela interrompe le sommeil de personne, les vêtements du mari et des enfants.

Le repassage se fait en frappant rapidement le linge sur une pierre plus ou moins cylindrique, avec deux bâtons parfaitement lisses de la forme de ceux des agents de police parisiens, et ce battage, auquel les femmes et les filles s’exercent dès le plus jeune âge, donne à l’étoffe l’apprêt et le glacé du neuf.