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l’obscurité des rues faiblement éclairées par des luminaires fumeux, et le va-et-vient, le long de la grande artère du faubourg, de silhouettes blanchâtres, tenant en main de petites lanternes en papier, lumières falotes qui se balancent et sautillent dans la nuit. Tel est l’aspect nocturne des faubourgs et des villages quand la lune ne brille pas dans le magnifique ciel étoilé de l’Extrême-Orient. Le train s’arrête. C’est la gare de Seoul (sud). Mais l’étonnement du voyageur est grand, car — étrange chose — il n’y a que des Japonais ici. On entend le claquement des semelles de bois sur le sol ; on ne voit que manteaux à pèlerine traînant jusqu’à terre, des chapeaux mous à grandes ailes, et l’horrible melon, de forme antique, qui orne à présent le chef des sujets du mikado.

Ce qui explique cette affluence nippone, c’est le voisinage du quartier de Tchine-ko-kaï, dont la concession faite aux Japonais il y a environ trente ans fut bientôt couverte de maisons de bois, et peuplée de plusieurs milliers d’habitants. Aujourd’hui, ce quartier déborde, hors des murailles, sur le flanc du Name-sane (la montagne du sud). Une modification de la gare du Sud va bientôt leur donner un nouvel espace de plusieurs milliers d’hectares sur lequel s’élèvera tout un nouveau quartier commerçant et affairé à la tête de la ligne du « Seoul-Foussane », lequel n’est — en somme — comme je l’ai dit déjà, qu’une longue bande de cinq kilomètres de largeur et de quatre cent soixante de longueur, de territoire japonais, en plein cœur du pays, une prise de possession effective sur laquelle il sera difficile de discuter dans l’avenir. Ce succès diplomatique fait espérer aux Japonais qu’ils obtiendront — par la