Page:Bourdaret - En Corée.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Seoul, à la nuit, la grande montagne du Kouane-ak-sane au sommet de laquelle se trouve un monastère bouddhique avec un petit autel bâti sur un effrayant à-pic d’aiguilles rocheuses. C’est elle que les historiens coréens désignent sous le nom de « montagne en forme de flammes ».

À Yong-tong-po se voit l’amorce du chemin de fer de Seoul à Foussane. On fait des remblais énormes pour la gare et le village japonais établi sur ce point, et qui commence déjà à se peupler.

Voici maintenant le pont et le fleuve Hane dont les eaux bruissantes sur les rapides étincellent aux premiers rayons de la lune. La nuit est venue tout à fait ; les faubourgs s’éclairent faiblement, et sur la rive droite du Hane c’est à peine si je distingue encore la place de Grève où l’on tranchait autrefois la tête aux condamnés. Aujourd’hui, on pend, on étrangle encore, mais plus rarement.

Me voici à Ryong-sane, petite halte où se fera plus tard le raccordement du chemin de fer de Seoul à Eui-tjou qui, avec le Seoul-Foussane, constituera la grande ligne coréenne, prolongement du Transsibérien et du Transmandchourien dont un embranchement viendra de Moukden à Eui-tjou. Quand cette ligne sera ouverte à l’exploitation, Foussane deviendra le grand port coréen, et il ne sera plus qu’à treize jours de Moscou, et cette durée du voyage, déjà minime, sera réduite à dix jours quand les rails permettront une plus grande vitesse. Enfin, après cette gare, j’aperçois les feux rouges du tramway électrique qui attend le passage du train. En contraste frappant avec ce modernisme, est