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s’engage dans la magnifique gorge par laquelle on pénètre dans le massif du Keum-kang-sane, on a devant soi un panorama bien fait pour attirer le peuple paisible et poète de ce doux pays, et judicieusement choisi par ces moines artistes qui sont venus se retirer du monde, dans un lieu de splendeur naturelle.

Notre caravane suit un dédale de défilés avant d’arriver au Tchang-hane-sa, le premier des monastères que l’on rencontre. Jusqu’au col de Tane-pa-ryong, et le long du ruisseau dont le lit nous conduit, le sentier s’efface, les rochers disparaissent sous la végétation de forêt vierge qui nous entoure et qui réunit toutes les essences possibles.

Déjà au col, à quatre cents mètres d’altitude — ce n’est qu’un passage étroit au milieu de ce massif montagneux — l’horizon est limité aux falaises à pic qui bordent la route. Au monastère de Tchang-hane-sa ; on se trouve au fond d’un entonnoir de verdure et de roches ; un pan de ciel bleu est seul visible, et l’ombre vient vite dans les ruines du temple de l’« Éternel Repos ».

Pour y arriver on suit un chemin uni qui bientôt traverse le torrent sur un pont rustique.


Le temple est le plus ancien de tous. Au milieu de la verdure et dans un panorama superbe s’élèvent ses constructions, dont les toits courbes prolongent leurs angles jusque dans les arbres voisins, et projettent une grande ombre sur toute la charpente richement peinte et ornementée de ces monuments aux formes hardies et robustes à la fois qui ont résisté, jusqu’à nos jours, aux injures du temps.