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par devoir. Très propres, très soignés, rasés de frais, nous les trouvons en grande lecture parce que le lendemain ils ont une importante prière à faire.

Grâce à notre interprète, nous apprenons d’eux l’histoire du monastère que malheureusement nous ne pouvons, faute de place, donner ici. Un bâtiment curieux, la « tour », permet de voir la mer sans être vu, et servait autrefois de « mirador » pour surveiller l’arrivée des assaillants. Enfin à l’ouest, en arrière des magasins, dépôts divers, dépendances du sanctuaire, notre guide nous montre les deux bicoques où est enfermée une copie des archives de la dynastie. Nous étions curieux, depuis longtemps, de voir ces dépôts ; mais ces modestes pavillons, dont la façade est à claire-voie, nous montrent que les Coréens sont bien peu soucieux d’assurer à leurs archives, renfermées dans des malles, empilées les unes sur les autres, un refuge suffisant contre l’incendie, ou les accidents de toutes sortes. Les rats — sans doute — ont dû déjà se mettre au courant des secrets de l’État qui s’accumulent là. Chaque année est représentée par une malle, et voici déjà deux pavillons complètement remplis et confiés à la garde d’un bonze muet et idiot.

En quittant le monastère nous admirons encore les magnifiques arbres de ce lieu d’éternelle contemplation ; l’un d’eux, un chêne, mesure quatre mètres de diamètre. Quand nous disparaissons derrière la muraille, la cloche tinte à la porte du temple et nous apercevons les robes blanches des bonzes s’empressant vers le sanctuaire pour la prière de l’après-midi.