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Le fond de la vallée est occupé par le groupe le plus important des maisons de la capitale, le quartier des commerçants, et pour descendre jusqu’à la place du marché nous passons par de petites ruelles bordées de murs de soutènement en pierres sèches.

À la porte d’une maison, des sorcières frappent à tour de bras, et sans discontinuer, sur des gongs en cuivre, tandis qu’une autre fait des gestes et des signes bizarres devant un homme qui se tient debout, immobile et silencieux au milieu de cet affreux vacarme. C’est, paraît-il, un fou, que les sorcières sont en train de guérir. Nous partons avec la conviction que ce pauvre homme n’échappera pas à un pareil traitement.

De retour à l’auberge, nous assistons à la fabrication du vermicelle pendant qu’une foule compacte remplit la cour, absorbée par ce travail qu’elle revoit chaque jour.

Dans l’après-midi de ce premier jour de voyage, nous allons visiter les dolmens de Ha-heun, à une heure de la capitale, au mord-ouest ; la route, en assez bon état, serpente à travers des collines pittoresques, ou bien coupe les rizières qui constituent à Kang-hoa aussi la principale culture.

Au col qui sépare la vallée de la capitale de celle de Ha-heun, où nous allons, j’assiste à un enterrement. Un sorcier, complètement ivre, est en train de disposer, sur un tabouret élevé, la tablette en papier du mort, et les offrandes offertes au Sane-sine. Parents et enfants sont là, et assistent d’un œil presque indifférent à la préparation du tumulus, vêtus en grand deuil, avec un gros bâton en main, et portant la couronne et la ceinture en branchages.