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tasses de soul et le vermicelle des grands jours. Nous nous intlallons aussi bien que possible, c’est-à-dire très mal. Heureusement, j’ai ma couchette, et pendant que mon « boy » prépare un bon bouillon, je me dirige vers la porte du Sud, juste au moment où sonne le bourdon de la ville, dont les sons — assez semblables à ceux de la cloche de Seoul — s’égrènent au-dessus des toits de chaume, et se répercutent au delà des collines à peine visibles à cette heure. Les seuls points lumineux que l’on puisse voir sont envoyés par une caserne d’où part aussi une sonnerie militaire formée surtout de « couacs ».

Ce n’est certes pas commode de gravir les escaliers de pierre de cette porte qui date, comme l’enceinte de la ville, de 1223. C’est même un tour de force d’en escalader les marches (60° de pente) disjointes, déjetées, et il faut s’aider des mains pour cela.

Au moment où j’atteins le sommet, j’entends le chœur des soldats dans la cour de la caserne, et quelques lumières brillent au yamen du gouverneur. Tout est calme et bientôt l’île s’endormira. Les oies sauvages ont fait halte dans les rizières pour passer la nuit. Elles sont si nombreuses aux alentours que Kang-hoa nous semble encore plus giboyeux que la grande terre. Les ruelles sombres ne renfermant rien d’attrayant, je regagne mon kane où il s’agit d’achever la confection de mon dîner. Il se compose d’un potage et d’une omelette, et je lui fais honneur, adossé contre une des grandes jarres qui meublent mon salon, dans lesquelles fermentent cent litres de vin coréen dont l’odeur fade va m’empêcher de dormir. Nous passerons sous silence les