Page:Bourdaret - En Corée.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frappe à la première porte, et je trouve un habitant complaisant, qui se lève, en me voyant dans ce piteux état, et me conduit, à travers des ruelles épouvantables, à l’auberge où je trouve enfin mes bagages et un maigre repas.

L’accueil de ces braves gens est cordial, et malgré l’heure tardive ils s’empressent à me rendre service. Je puis enfin m’étendre et m’endormir après ces deux journées pleines de péripéties.

En ce moment où l’armée japonaise a envahi le pays, je me demande quelles difficultés infinies les soldats n’éprouveront-ils pas à traverser les régions de rizières, où les chemins n’existent pas, où la pluie rend ces sentiers absolument impraticables. Mieux vaut encore la montagne où l’on n’est arrêté ni par les rivières à marée, ni par l’absence totale de chemin praticable. Là, du moins, on peut grimper, avancer quand même.

Toute la côte ouest de la Corée et le sud sont ainsi rendus impraticables les jours de pluie. Et, pour une armée en marche ce n’est guère qu’en novembre, au moment où les rizières sont desséchées, qu’il est possible d’utiliser ces plaines.

Le lendemain, avec les chevaux, nous revenons en arrière, au bac. Grâce au jour, notre marche est plus rapide. Cependant, trois ou quatre fois, chevaux et bagages glissent jusqu’en bas de la levée de rizière que nous suivons, haute de deux mètres en certains endroits, et large à la crête de vingt à trente centimètres. L’argile est détrempée, et j’admire la sûreté de pied de ces petites bêtes, qui arrivent, quand même, sur deux, sur trois pattes, à se tenir en équilibre.

Je n’oublierai jamais ce voyage au Houan-hai-to,