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misérable village et la baraque du passeur ; heureusement, on nous assure que le bac va venir bientôt de l’autre rive, et que nous serons ce soir à Tong-tchaine.

À la nuit tombante seulement, une embarcation se détache, en effet, de l’autre rive, et vingt minutes après accoste près de nous. La marée, qui se fait sentir jusque-là, a gonflé la rivière de trois mètres, le courant est très fort.

Un grand nombre de Coréens sont arrivés au bac et veulent aussi aller coucher à Tong-tchaine.

Mais je m’impose comme devant passer le premier, étant arrivé avec mes chevaux et bagages, bien longtemps avant les autres voyageurs.

Grandes discussions avec le batelier : son bateau est, dit-il, trop petit, le poids des chevaux doit l’enfoncer ; bref après une longue insistance et quelques coups de cravache, j’installe mes chevaux de bât et mon Chinois dans la frêle embarcation.

Il fait presque nuit ; et cependant, faute de place, je dois attendre le retour du bateau, car il n’y en a qu’un ce soir pour faire le service. J’ai préféré voir partir devant mes bagages, étant sûr que mon mapou reviendra avec la barque, si le passeur s’y refusait lui-même.

Nous restons donc à l’auberge, les Coréens et moi, attendant impatiemment le retour de notre batelier dont nous voyons les efforts pour traverser le courant. La nuit vient, le vent s’élève, et la pluie commence à tomber.

Depuis le début du voyage, voici la première mésaventure, et je pressens que ce soir je coucherai à Sai-na-rou, me rendant compte de l’impossibilité pour le batelier de revenir maintenant, car la mer