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groupe d’îlots entre lesquels les dépôts d’alluvions ne laissent qu’un étroit chenal qui permet seulement l’entrée aux bateaux calant moins de quatre mètres cinquante, à marée haute.

Ordinairement, on jette l’ancre en dehors, près du premier phare établi sur la pointe de l’île Roze, dominée par le fort coréen, à trois ou quatre kilomètres du port intérieur. Nous stoppons, et pendant que la chaloupe de la douane amène la « Santé » je retrouve avec plaisir Tchémoulpo embelli, augmenté de constructions nouvelles.

La ville européenne, juste en face du port, s’étale au pied des collines sur les flancs desquelles les maisons grimpent déjà presque jusqu’au sommet. Tout en haut s’élèvent le « Club » et la villa d’un négociant allemand. Au-dessous, entourant le jardin municipal, les maisons japonaises, en bois, s’accoudent et montrent leurs galeries, leurs portes à glissières, leurs énormes lanternes bariolées.

En avant, dominant les bâtiments de la douane et la jetée, le consulat d’Angleterre, en briques rouges, est planté sur un rocher.

Sur le quai, à la jetée, cris et tumulte : le mouvement commercial de ce port est de plus en plus important. Plusieurs centaines de petites jonques sont accostées au quai, remplies de sacs de riz, ainsi que des bateaux à vapeur, de faible tonnage. Les bruits de treuils et de sirènes démontrent une grande activité.

Voici notre port envahi par les coolies, et je m’empresse de gagner, en sampan, la jetée en moellons, et le quai haut de dix mètres, à cause des marées formidables de huit à neuf mètres qui se font sentir ici.