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femmes et les sorcières s’adressent pour obtenir une faveur.

Les petites danseuses et leurs parents doivent avoir recours à ces étoiles protectrices, car, lorsque j’y arrive, des sorcières dansent devant la porte, tandis que toute une bande de Coréens des deux sexes, installés au premier étage, sur la terrasse qui la surmonte, suit avec attention leurs gestes et leurs paroles, drôles sans doute, car de longs éclats de rire font retentir la muraille ensevelie sous un manteau d’azalées roses.

Le chemin qui conduit au tombeau de Ki-tja suit le pied de la muraille, à l’extérieur, dans un site ravissant. Le tombeau est enfoui sous un grand bois de pins. Mon arrivée intempestive effarouche une bande de kissans et de joyeux compagnons, grisés de soûl. Ils s’ébattaient là, sans respect pour le grand homme qui repose sous cette colline. D’ailleurs, est-ce bien la tombe de Ki-tja ? Plusieurs villes revendiquent l’honneur de posséder ses restes, et je connais plusieurs tombeaux de ce grand civilisateur.

Quoi qu’il en soit, la stèle placée devant le tumulus porte son nom, et comme la promenade est agréable, une visite à cette tombe en vaut la peine.

La muraille qui escalade le Morane-Pong se détache de l’enceinte de la ville, au mamelon de Hil-mi-taï, dont je fais maintenant l’ascension. Là s’élève un petit pavillon portant les traces ineffaçables de la canonnade de 1894 ; tout est haché par la mitraille qui venait de la colline occupée par les Japonais. C’est sur ce point que s’étaient retranchées les forces chinoises dont la résistance fut de courte durée.

En suivant la muraille qui domine le fleuve, je