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tuiles, sillonnée de chemins en zigzag, émergent la demeure officielle du gouverneur, les divers bâtiments publics, une ancienne Monnaie, le tout de style coréo-chinois : toitures courbes supportées par des piliers en bois, les remplissages faits en terre ou en pierres attachées par des cordes de paille, les portes en bois ajouré comme des « moucharabyeh ».

Le drapeau du consulat japonais flotte près de la porte, dans la rue principale, rue commerçante où sont installés la poste et de nombreux Nippons, car là encore ce sont eux qui tiennent tout le trafic, les Coréens étant trop indolents ou trop timides, et surtout trop pauvres, pour lutter contre cette concurrence.

Au centre de la ville, tout reluisant de peinture neuve, se trouve un petit pavillon au milieu d’un lac qui n’est malheureusement qu’une mare stagnante. Des masures croulantes masquent complètement ce pavillon original, de style chinois.

Mon guide me conduit à travers des ruelles misérables et nauséabondes, qui n’ont rien à envier à certains quartiers de Seoul. J’arrive ainsi à l’école des danseuses où se recrute le corps de ballet de la cour. Pieun-yang est renommé pour cette école et ses jolies filles.

J’ai voulu surprendre les kissans à l’improviste et les photographier ; mais je n’ai trouvé que des fillettes sales, en costume ordinaire, qui s’exerçaient, sous l’œil bienveillant d’un vieux professeur, à jouer du komoungo (sorte de harpe) et à chanter. Très déçu je rebrousse chemin.

De retour à l’hôtel, pour déjeuner, la petite mousmé joufflue et rose, aux chairs abondantes, efface de mon esprit l’impression triste laissée par