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Le 3 avril, au matin, le Genkai Maru, tournant à l’est, entre dans les îles de l’archipel du Prince-Impérial, et vers midi nous sommes devant Tchémoulpo. Après avoir vu défiler de nombreux flots tout embrumés, frôlé mille jonques coréennes en route vers le port, ou d’autres points de la côte, croisé quelques bateaux à vapeur qui s’en vont en pleine mer, j’ai constaté la construction de trois phares réclamés depuis longtemps par les marins à l’entrée difficile de Tchémoulpo. C’est le service des douanes qui est chargé de l’installation de ces précieux témoins, et on se propose d’en établir d’autres le long de la côte pour le plus grand profit de la navigation de cabotage.

Voici, dans le port extérieur, plusieurs navires de guerre : un stationnaire et des croiseurs japonais, ainsi qu’une canonnière russe. C’est que le grand Nippon jette maintenant des regards de convoitise vers le « Pays de la Fraîcheur matinale », et se prend à réfléchir que les rizières du sud sont excellentes, que le pays est sans défense, bien à proximité pour devenir une colonie d’émigration, qui permettrait de mettre à l’aise les îles centrale et méridionale de l’archipel japonais : celle du nord, Yéso, étant trop froide pour être peuplée. L’espace commence à manquer au Japon pour une population de quarante-quatre millions d’habitants qui s’accroît chaque jour.

Tchémoulpo apparaît à présent au fond d’un