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stèles sont échelonnées entre les petits hameaux installés au bord de l’eau ; nous passons devant le monument élevé par les Japonais à la mémoire de leurs compatriotes morts pendant les deux terribles combats qui eurent lieu au seizième siècle entre les Japonais envahisseurs et les Chinois. Dans l’une de ces deux rencontres, les Japonais furent vainqueurs ; mais dans la seconde les Chinois et le Coréens battirent leur ennemi commun, qui laissa plus de deux mille hommes sur le champ de bataille.

Baignée au sud par Tai-tong, la cité s’élève sur la rive droite, au bord des rochers qui surplombent le fleuve ; elle est enveloppée de son long ruban de murailles qui suit la berge, escalade à l’est le Morane-pong (mont Peony), disparaît vers le nord, et revient se refermer dans la plaine de l’ouest, enserrant les quarante mille habitants dans un immense quadrilatère.

Des portes monumentales donnent accès dans la cité ; elles sont surmontées de toits chinois qui se courbent gracieusement dans le ciel bleu de cette douce matinée d’avril.

J’aime l’allure pittoresque de cette ville emmurée que je désirais voir depuis longtemps, et qui présente un intérêt historique considérable.

C’est par le grand fleuve Tai-tong, sillonné maintenant de nombreuses jonques de commerce et de bateaux à vapeur, que Ki-tja, le célèbre civilisateur, vint établir sa capitale à quatre-vingts kilomètres de l’embouchure. Jusqu’au dixième siècle Pieun-yang fut la capitale du royaume de Ko-kou-ryo, et contrée et fleuve furent le théâtre de sanglantes batailles, même jusqu’à nos jours, puisque au seizième siècle et au dix-neuvième, Mandchous, Chinois et Japonais s’y livrèrent des combats meurtriers.