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pénètre par tous les interstices des dalles ; la puanteur égale la saleté ; des milliers de mouches ont élu domicile sur les murs et la charpente, tandis que les nattes sont avantageusement habitées par les punaises. Dans la pièce à côté sont emmagasinées les jarres de kim-tchi qui suffiraient amplement — à défaut des autres odeurs — à empester l’air, non seulement de l’auberge, mais du village tout entier.

Comme compagnons, dans la grande pièce, se trouvent des « poussangs ». Ce sont des membres de la corporation des colporteurs, dans laquelle se recrute la garde impériale en temps d’émeute, et qui sert un peu de police secrète dans l’intérieur du pays. Ils sont reconnaissables à un énorme gourdin, emblème de leur suprématie, ainsi qu’à un petit chapeau de paille orné de deux boules de coton.


Il a gelé dans la nuit et quand nous repartons le lendemain matin, il fait froid. Nous suivons d’abord la rivière de Name-tcheun, puis un affluent du Todji-oueul, rivière très poissonneuse où de nombreux pêcheurs sont déjà à l’ouvrage.

La contrée est très riante et boisée. Tolmorro, malgré ses toits de chaume, apparaît très coquet dans un joli décor.

Mais la route est mauvaise aujourd’hui : elle passe dans des terrains gras défoncés, au pied des collines schisteuses à pente très raide, où nous voyons des paysans gratter, utiliser les moindres parcelles de terre.

Le village de Tchong-sou est très pittoresque ; il est au bord de la rivière, et derrière lui s’élève un rocher tout couvert d’azalées, qui suffit à reposer les yeux du délabrement misérable des maisons.