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pris de découvrir sur la droite un mamelon muraillé.

C’est l’ancienne forteresse Tai-bek-sane-son. La route, jusqu’à Eui-tjou est semée de ces vieux murs derrière lesquels bataillèrent autrefois les bonzes militaires, organisation religieuse et défensive de la patrie.

Je fais l’ascension de la colline et ayant passé sous la porte de la forteresse, construite dans le même genre que celles que j’ai déjà décrites, j’aperçois, dans la cuvette formée entre les divers sommets couronnés par la muraille, un petit village tranquille, enfoui sous un joli bois de pins. Un sentier me conduit à un pic plus élevé, au milieu de la forteresse, et où s’élève une vieille bonzerie, bien gardée par des chiens qui hurlent à mon approche.

Aujourd’hui, ce sanctuaire est ouvert aux ferventes prières des femmes. Autrefois ces murs se couvrirent de guerriers armés de flèches meurtrières, qui du haut de cette forteresse escarpée faisaient des ravages dans les bandes ennemies.

La route, dans la plaine est assez bonne, en cette saison sèche, mais doit être impossible les jours de pluie, car elle est toute dans l’argile.

Piong-sane, important centre, est la résidence du mandarin ; nous le reconnaissons aux bâtiments couverts de tuiles, à l’allée de saules qui conduit de la route au village et aux nombreuses stèles couvertes.

Peu après nous trouvons des paillotes renfermant des cadavres, mode de sépulture assez rare dans cette province.

Enfin nous atteignons Name-tcheun où nous devons passer la nuit. L’auberge est horriblement sale et la pièce où je vais installer ma couchette est passée au plus beau noir, à cause de la fumée qui y