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Ils ont pour cela un procédé original. Les semeurs jettent leurs graines dans des trous qu’ils font avec le talon ; puis, en avançant d’un pas, ils les recouvrent de terre avec les pieds. Ces mouvements rapides les font ressembler de loin à des gens qui dansent au milieu des terres labourées.

Partout les faisans pullulent et viennent jusque sur le chemin, sans souci des passants. C’est que jamais, sans doute, ils n’ont entendu de coups de fusil, et je connais certains chasseurs qui feraient là un massacre inoubliable, dont on parlerait longtemps pendant les veillées de chasse.

Plus loin, à Pa-soul-mak, nous trouvons toute une série de stèles portant les noms de guerriers chinois, de généraux venus au secours des armées coréennes. En face, de l’autre côté de la rivière que nous traversons sur un pont de bois, est le chef-lieu du district, Koun-tcheun, où se trouvent des bâtiments officiels entourant la demeure du mandarin.

Quelques minutes après nous sommes sur les bords du Todji-oueul-kang, très beau fleuve aux eaux profondes, qui va se jeter dans la mer, en face de l’île de Kang-hoa. Une roue actionnant un moulin est installée sur la berge ; elle montre que les habitants savent aussi utiliser la houille blanche — la puissance de l’eau — souvent d’une façon fort ingénieuse.

Le pont qui permet de traverser ce fleuve a deux cent cinquante mètres de longueur, il est dans un état déplorable, branlant, à chaque pas des chevaux ; le tablier est troué en maints endroits, et ce n’est pas sans appréhension que je me risque avec ma monture sur cette fragile passerelle ; mais il n’y a pas