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Le fond de la vallée est occupé par des champs qu’arrose le ruisseau, et par de minuscules rizières, tout à fait accidentelles.

Nous arrivons au village de Ta-ko-kai, composé de quelques misérables cahutes et de plusieurs petits bâtiments en ruines, de magasins abandonnés.

Je ne m’expliquais pas la présence de ces bâtiments dans ce modeste village perdu au milieu d’une cuvette formée par cette vallée encaissée, lorsque, ayant gravi le col après le village, j’aperçus les murs d’une très vieille forteresse qui courent sur les crêtes des collines, et vont se perdre très loin. Il s’agit d’une ancienne ville forte, sentinelle avancée de Song-to, comparable à la forteresse du Pouk-hane, par rapport à Seoul.

Bientôt nous passons sous la porte de la muraille, à l’endroit où elle barre la petite vallée, et ferme la route par où venaient autrefois les envahisseurs du Nord, les Mongols conquérants. Le site est tout à fait sauvage et le silence de ces collines mornes et désolées, muraillées et dressées presque à pic sur la vallée, est imposant. Aujourd’hui, en signe de paix, la porte reste éventrée et privée de ses tôles de blindages utilisées par les villageois à un usage moins noble.

Tout de suite après cette forteresse, la route tourne et nous atteignons une vallée plus large et le gros village de Tchong-sok-tjine.

Le soleil a percé la brume et fait scintiller les eaux de la très jolie rivière qui coule dans cette vallée, cultivée, partout où les schistes le permettent.

Pas de voyageurs sur la route. Nous ne croisons que des paysans allant au labour avec leurs bœufs, et des cultivateurs ensemençant leurs champs.