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robe bleue et un chapeau noir. Sa physionomie est paisible et il semble attendre, les yeux baissés, les prières et les offrandes des femmes qui viennent souvent le visiter, à en juger par les baguettes d’encens, les bâtonnets de benjoin à demi consumés, au pied de son autel.

Nous trouvons dans ce village une très bonne petite auberge relativement propre et des hôteliers empressés, ce qui n’est pas le cas dans les grands centres.

J’ai des loisirs jusqu’au dîner, et j’en profite pour observer le va-et-vient des gens. La femme et la servante de l’auberge sont occupées dans la cuisine à préparer le riz, à hacher menu les navets salés qui rempliront les assiettes d’« extra » servies avec le bol de riz. Ce dernier n’est pas de première qualité, il est rose, et on le fait cuire avec des haricots. Ces deux femmes travaillent silencieusement, et sans prendre garde aux commères curieuses qui, peu à peu, envahissent la cuisine, sous un prétexte quelconque, en réalité pour voir l’Européen.

Me voici bientôt entouré de marmots éveillés, mais bien sales, qui se grattent avec ardeur ; puis les parents s’avancent à leur tour. Une distribution de bouteilles vides a un succès fou, et me vaut une paix relative pour la soirée.

Je constate que la pitance préparée dans les grandes marmites en terre, pour les chevaux et les bœufs, est un peu différente : les premiers sont nourris avec une bouillie de haricots et de son, de déchets d’enveloppes d’orge et de millet, le tout servi très chaud ; les seconds ont une bouillie de haricots et de paille hachée. De plus les chevaux reçoivent, après la bouillie, une ration