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ginseng de la cité, et vécus chez lui plusieurs jours, tout à fait à la coréenne.

Je vis là le noble, avec sa domesticité polie et silencieuse, recevant ses amis, ses invités dans son sélamlik tout à fait séparé des appartements des femmes. Je vis le bonheur de cet heureux père — fier de ses deux garçons — qui s’appelaient Yackté et Kokiri, c’est-à-dire « chameau et éléphant ».

Cette fois je me contente d’aller saluer cet aimable homme, car je ne veux passer ici que le temps nécessaire pour revoir ce qu’il y a d’intéressant.

Je retrouve la ville telle qu’auparavant, avec tout son commerce concentré dans la rue principale et dans le faubourg qui précède la porte du Sud ; je constate seulement la présence d’un nombre plus grand de commerçants chinois at japonais. En somme, Song-to ou Kaï-son ressemble à l’un des faubourgs de Seoul, avec çà et là quelques toitures de tuiles abritant les notabilités, les riches propriétaires des fermes de ginseng environnantes.

Cette ville, grâce au ginseng, aux céréales que l’on y apporte des régions voisines, est un grand centre commercial ; une activité constante règne dans la grande artère où s’ouvrent aussi les boutiques des marchands d’étoffes, de bibelots. Les jours de marché, les ambulants installent leur éventaire au milieu de la chaussée et on y distingue, dans un mélange bizarre, des toiles, des nattes, des allumettes japonaises, des blagues à tabac, du tabac et des pipes.

La poste et le télégraphe sont installés à Song-to et fonctionnent d’une façon satisfaisante ; des missionnaires protestants y ont leur demeure, beaucoup plus luxueuse et « confortable » que l’humble chaumière du Père français. En outre une faible garni-