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veillés par les hennissements et le bruit des chevaux qui se battent devant leurs mangeoires vides.

Nos préparatifs de départ sont bientôt faits, et nous sommes en route à sept heures. Le soleil est éclatant et la route très bonne jusqu’à Song-to. De vastes plaines s’étendent autour des hameaux, plus nombreux, plus peuplés, et l’on passe de l’une à l’autre par de petits cols fleuris d’azalées. Les poteaux à face rébarbative, les arbres-fétiches s’échelonnent, le long de la route.

Nous rencontrons cependant un missionnaire catholique, habituellement en résidence à Song-to, et qui se rend à Seoul pour la retraite. Il est monté sur un petit cheval par-dessus ses bagages et se trouve ravi de ce voyage de quelques jours à la capitale. Toute l’année, en effet, nos Pères français, qui n’ont ni monture ni bicyclette, s’en vont à pied, par tous les chemins, catéchiser et porter la bonne parole, vivant de la vie ordinaire du peuple, sans le moindre confort. La pipe est peut-être leur meilleure distraction.

Vers le sud la plaine s’étale assez large et nous apercevons les premiers champs de ginseng ou ine-same, le Panax quinquefolium, la plante dont la racine est si réputée en Extrême-Orient et qui fait la richesse de la région de Song-to et de la province. Cette racine est — je l’ai déjà dit — un aphrodisiaque de premier ordre dont les Coréens sont très amateurs. On en exporte à Shangai et à Tien-Tsin de grosses quantités, car elle jouit en Chine d’une réputation universelle, comme contre-poison de l’opium, qui y fait tant de ravages.

Il faut sept années généralement pour que la