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le mapou qui se démène au milieu de cette foule pour préparer le repas de ses chevaux. Je réclame le nettoyage complet de la chambre que je vais habiter, ce qui est fait rondement d’un grand coup de balai à toute volée, soulevant des nuages de poussière centenaire ; les mouches dérangées par ce phénomène extraordinaire — un nettoyage — s’envolent en bourdonnant.

Les achats d’œufs, de poulets, de grains pour le cheval et de riz terminés, le Chinois installe ma couchette, ce qui ne manque pas d’attirer les badauds de plus en plus surpris : ils se retirent pour aller chercher d’autres villageois suivis de quelques femmes qui se sauvent au moindre mouvement que je fais.

C’est au milieu d’une nombreuse assistance que je prends moi-même mon repas, et à l’apparition des fourchettes, de la vaisselle émaillée du touriste, ce sont des « ai-gou ! » des mines d’un comique irrésistible. Il n’y a qu’un point noir à se sentir entouré d’un cercle aussi sympathique, c’est que ces curieux sont tous épouvantablement sales, hommes, femmes et enfants.

Avant de me coucher, je flâne quelques instants dans les rues du village ; mais le hurlement lamentable des chiens m’oblige à regagner très vite ma cage en papier, atrocement chauffée, où je ne tarde pas à m’endormir, malgré le vacarme des animaux et certains petits bruits insolites de la porte. Ce sont des curieux qui percent avec le doigt les carreaux en papier et observent, jusque dans son sommeil, le voyageur de passage.


Bien avant le jour, ce matin, nous sommes ré-