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quelque tigre ou léopard peu sociable, on circule partout en toute sécurité, car une des grandes qualités du peuple est son hospitalité. Sa curiosité pour les objets que l’on peut mettre sous ses yeux ne va jamais jusqu’à l’envie. Évidemment cette remarque souffrirait quelques exceptions à Seoul, où les domestiques sont tentés par des objets de valeur qu’ils croient oubliés par leurs maîtres ; mais ceux-là ne constituent qu’une minime partie de la population.

À deux heures, nous quittons l’auberge de Pa-tjou, et jusqu’à la rivière Ime-tjine se succèdent cols et vallées bien cultivés en céréales, mais absolument dénudés. De tous côtés, sous ce gai soleil du printemps, les paysans retournent le sol avec leurs charrues rudimentaires. Les premières hautes collines centre lesquelles coule l’Ime-tjine apparaissent, et bientôt nous gravissons le col derrière lequel se cache le village pittoresque qui donne son nom à la rivière.

Autrefois ce village servait de sentinelle avancée à Song-to. Il reste encore debout une ceinture de murailles garnissant les crêtes rocheuses qui surplombent la berge, à laquelle on arrive par un chemin en pente rapide, et en passant sous une porte pratiquée dans l’enceinte. Les maisonnettes du village s’étagent sur les flancs du ravin, dont le lit desséché sert de chemin. On fait ici le commerce du bois que l’on descend en radeaux nombreux, au fil de l’eau.

La rivière, large de trois cents mètres, en face du village, est resserrée en amont entre des collines abruptes, tandis qu’en aval elle décrit de gracieuses courbes, jusqu’à son confluent avec le Hane-kang.