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C’est jour de marché à Pa-tjou et une affluence inusitée de paysans ont envahi la rue principale, armés de leur longue pipe et coiffés de leur chapeau monumental. Ils discutent et marchandent, une heure durant, pour des achats de quelques ligatures, devant les étalages de la plus affreuse bimbeloterie imaginable, de fabrication japonaise.

Du reste, les marchands les plus affairés sont les grainetiers qui vendent les semences dans de petits sacs de papier ; les marchands d’étoffe de coton, de toile de chanvre, de chapeaux et de serre-tête.

Pa-tjou est un amas de masures délabrées, dominées par le Kaik-sa, en ruine, où la tablette de Sa Majesté réside, sur l’autel effondré, au milieu de la poussière, des toiles d’araignées, des souillures des oiseaux installés dans ces temples ouverts. Seule, la toiture architecturale de ces bâtiments officiels, le grand Tai-kouk (les armes de Corée) peint sur les vantaux des portes, les distinguent des maisons en boue ou en pierre. Le décor est embelli par la floraison printanière et la foule bariolée de ce jour de marché.

Je n’éprouve plus, depuis longtemps, la curiosité de dévisager les femmes, l’expérience m’ayant suffisamment édifié sur leur beauté et leur jeunesse ; je crois n’avoir jamais parcouru de pays où il y ait autant de vieilles femmes qu’ici. Cela tient au dur labeur auquel elles sont astreintes.

Un des pires inconvénients de la Corée est le mauvais état de ses ponts branlants, défoncés, sur lesquels la situation du cavalier ou du piéton est parfois très précaire. À part ce danger, très relatif en somme, et à moins de voyager dans les régions boisées et désertes du nord, où l’on peut rencontrer