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et entre leurs pentes se dessinent de minuscules vallées arrosées par de clairs et bruyants ruisseaux.

La route que nous suivons, assez bonne quand le temps est sec, dévale, serpente encore dans de petites vallées riantes, et nous amène bientôt au col de Myriok-tagui, à vingt-cinq kilomètres de Seoul, où se trouvent, à droite de la route, deux statues géantes qui représentent un Bouddha mâle et un Bouddha femelle. Ces colosses, taillés dans le rocher, ont quatorze mètres de hauteur. Un petit autel, à leur pied, montre que les offrandes et les prières sont faites encore quelquefois à ces « myrioks », vestiges de l’époque florissante du bouddhisme en Corée. Ils élèvent leur tête énorme, au-dessus d’un petit bois de pins, et semblent interroger l’horizon, ces géants silencieux, insensibles aux injures du temps. L’un d’eux, le Bouddha mâle, d’une expression plus fine, fouille du regard la plaine qui s’étale à ses pieds ; l’autre, les yeux baissés, confiante et résignée, s’appuie contre son compagnon.

Ils attendent, idoles abandonnées, le retour des croyants, les jours de fêtes, les jours de sacrifices d’antan, où l’autel s’animait d’une foule recueillie de fidèles venue pour implorer leur puissance. Ces jours-là l’encens des petits bâtonnets allumés par des mains de bonze montait jusqu’à eux, jusqu’à leur face sereine ; le chuchotement des prières des mères et des jeunes fiancées se perdait en écho affaibli dans les branchages des pins et sous le grand chapeau des Bouddhas. L’endroit est désert aujourd’hui, où s’élevait autrefois un monastère important.

La route continue, assez monotone, à travers les plaines ondulées, semées de touffes de « Pinus si-