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À Seoul, on trouve maintenant des boys et cuisiniers chinois ou coréens, les premiers plus coûteux, mais remplissant avec dignité leur fonction — à la condition de ne rien leur demander en dehors du service pour lequel ils sont engagés ; — les seconds, moins ponctuels, ivres quelquefois, négligés trop souvent.

Un personnel d’individus des deux races fait toujours mauvais ménage, et la cuisine devient alors une salle de réunion tumultueuse, au lieu d’un simple club où MM. les boys reçoivent — chacun a son jour — les domestiques d’autres maisons amies.

Mais voici un paquebot russe de la Compagnie des chemins de fer de l’Est chinois qui salue au passage et disparaît vite derrière nous dans le brouillard. Ce navire a dû quitter Tchémoulpo ce matin, venant de Port-Arthur, et il se rend au Japon. Voici, encore plus loin, près d’un îlot boisé, toute une flottille de bateaux de pêche avec leurs jolies voiles qui se balancent, pendant que les équipages lancent les filets dans les eaux très poissonneuses. Ces incidents de route, les îlots que l’on contourne avec une sage lenteur, font que la navigation est loin d’être monotone sur les côtes de Corée. Avec la longue-vue, on peut apercevoir encore des barques un peu partout ; de petits villages, minuscules à cette distance, perdus derrière les rizières, dans un bosquet, peu vêtu en cette saison. On distingue des théories blanches de Coréens se rendant au marché de la localité voisine, marché hebdomadaire où ils vont s’approvisionner de coton, de tabac, d’allumettes ; ou bien vendre du bois de chauffage que portent de paisibles mais robustes bœufs disparaissant sous leur charge volumineuse.