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rent avec respect sur le tas de pierres pour occuper l’esprit du serpent, à la recherche d’un corps à habiter, ou bien pendent aux branches de l’arbre fétiche quelque guenille ou un vieux soulier en offrande à l’esprit tutélaire de la montagne, puis ayant ainsi conjuré le mauvais sort, ils reprennent leur route, avec leur pipe et le rouleau des vêtements de pluie, pendus dans le dos. Ces piétons, bons marcheurs, font quarante kilomètres par jour, au minimum, avec leurs sandales de paille qu’ils quittent au passage des gués. De rares chaises à porteurs circulent encore, ainsi que des « pousses » transportant à leur résidence quelques nobles fonctionnaires.

Vers dix heures, nous arrivons à Ko-yang, le premier grand centre à dix-neuf kilomètres de Seoul. À l’entrée du village, misérable comme tous ceux de l’intérieur, plusieurs stèles, rappelant les noms de magistrats renommés, sont plantées à droite et à gauche du chemin, et sur l’une d’elles est inscrit un ordre obligeant les voyageurs à mettre pied à terre pour passer devant elles.

Comme c’est le cas à Ko-yang, ces pierres sont toujours placées devant l’allée qui conduit au bâtiment officiel appelé Kaik-sa (le temple de la tablette impériale), précédé d’un portique en bois rouge ; tout près est la demeure du mandarin, gouverneur du district, qui centralise entre ses mains tous les pouvoirs.

Rien de remarquable dans ce village aux toits de chaume et aux baraques branlantes, élevées à droite et à gauche de la route qui le traverse du sud au nord ; comme presque tous les autres villages, celui-ci est entouré d’une ceinture de saules et de pins