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rimes venus là s’inspirer, dans le calme reposant de ces jolis sites, tous choisis avec un rare sentiment de la nature.

Sur le vert sombre des pins, peuplés de pigeons ramiers et de loriots, se détachent nettement les toits gris à bordure blanchie à la chaux des bonzeries, et leurs charpentes multicolores aux arabesques brillantes. Le décor est complété par les fleurs roses des arbres fruitiers et les robes blanches des bonzes. Il rappelle certains « kakémonos » japonais, très étroits et très hauts, sur lesquels un artiste minutieux a simplement dessiné, dans un coin, tout en haut, d’un pinceau habile et léger, un sujet minuscule, mais plein de grâce et d’une finesse extrême. C’est à cela que ressemblent — au printemps — tous ces temples, qui bientôt disparaîtront sous l’ombrage d’arbres séculaires. Ce sont, comme je l’ai dit, les lieux préférés des poètes. J’ai entendu vanter souvent l’âme poétique, le goût avec lequel les lettrés savent rendre l’impression qu’ils ressentent devant la nature ; comment ils savent décrire la mélodie des cascades ou des clochettes claires des monastères, dans le silence d’une aube naissante, ou le gazouillis charmant des oiseaux enivrés du retour du printemps.

Nous dépassons bientôt les contreforts du Pouk-hane, dont les pics dentelés s’aperçoivent encore un moment, avant de disparaître derrière les premières collines. Les petites vallées se succèdent, et comme nous sommes encore près de la capitale, nous rencontrons, dans cette première journée, tous les modes possibles de transport.

D’abord le plus ordinaire, le plus commun, le bœuf puissant et paisible, admirable bête de travail,