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dix jours (du quatorzième jour de la deuxième lune au vingt-quatrième), pour ne plus s’habiller en blanc, sous le prétexte excellent que cette couleur est trop salissante, et est réservée aux gens en deuil.

Mais cette proclamation est restée lettre morte, car fort peu d’habitants ont pu faire la dépense d’un nouveau costume, surtout parmi ceux que la proclamation visait surtout. Cependant on en voit quelques-uns porter des robes grises. Ce sera peut-être bientôt la fin du costume national blanc. Il me semble que ce jour-là le pays sera profondément modifié.

Quelques-uns, pensant — puisque les couleurs foncées étaient bien vues par l’autorité — qu’il était plus sage alors de mettre la robe extérieure tout à fait noire, se virent arrêtés par la police. Et voici pourquoi cet excès de zèle leur a valu cette rigueur. La circulaire parle de vêtements foncés, non de vêtements noirs. Cette couleur est défendue, en principe, parce que le révolutionnaire coréen Pak-Yeng-hio pénétra au palais, en 1884, vêtu de noir, pour afficher davantage ses idées réformatrices.

Chose curieuse, c’est toujours sur le costume qu’ont porté les grandes réformes du gouvernement, qui oublie que l’habit ne fait pas le moine (c’est cependant un de leurs proverbes). Il paraît que ces réformes sont plus aisées que celles à effectuer sur les institutions surannées.

Autrefois on a obligé les habitants à diminuer la longueur de leurs pipes ; on trouvait qu’ils avaient l’air trop arrogants. On leur fit diminuer ensuite l’ampleur de leurs manches ; puis le diamètre de