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tience et un art remarquables… Puis voici des boîtes en métal, aux incrustations d’argent, des ornements en malachite, décorés d’oiseaux fantastiques, enfin, les bijoux des dames, en argent émaillé, pendants d’oreilles, broches, épingles à cheveux.

Les boutiques des bijoutiers sont toutes situées, les unes à côté des autres, le long du canal, à Tchong-no. Les ouvriers sont installés dans de toutes petites chambres, à quatre ou cinq, martelant et chiffrant des tasses à vin, en argent fin. Celui-ci fait des épingles, des papillons ou des fleurs dont se parera, quelque jour, une danseuse du palais, ou une jeune fiancée. Leur outillage est fort rudimentaire, leurs procédés primitifs et leurs vitrines peu garnies ; c’est qu’ils sont pauvres, ces bijoutiers, et si l’on veut avoir un objet en argent de quelques piastres seulement, il faut le commander à l’avance et fournir le métal. Ceux-là travaillent le jade ; polissent au tour primitif, avec une patience et une persévérance inouïes, des pierres qui deviendront des cachets agrémentés de dragons et de tigres, des épingles dont la tête figurera des branches, des fleurs découpées une à une, et sans cassure, dans cette matière si dure. D’autres font des plaques — également très ajourées — pour les ceintures de cour, des pipes en cuivre avec ou sans émail.

Tout le long de ce canal, on entend le bruit continu du martellement, sortant des échoppes où il faut deviner la présence d’habiles ouvriers, travaillant des semaines entières sur le même objet de pierre ou de métal.