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leur monnaie. Nous avons vu les magasins des corporations à Tchong-no : marchands de toile, de soie et de coton ; marchands d’antiquités, marchands de meubles, aujourd’hui si mal pourvus d’armoires mal faites. Nous avons vu les diverses échoppes disséminées dans les rues principales : les lunettiers ; les marchands d’écaille, de livres et de tabac ; les boutiques des cordonniers, celles des herboristes, les restaurateurs à la maigre pitance travaillée par des mains sales.

Vu aussi les petits marchands ambulants portant, sur un fond de boîte suspendu à leur cou, des sucreries aux couleurs indéfinissables ; les marchands de grains en boutique ou en plein vent, installés sous leurs grands chapeaux, près de leurs corbeilles et « éventant » leurs grains au milieu de la chaussée, sans souci de la poussière qui va, en rafales, se coller aux vêtements de soie des passants et des « yang-banes » méticuleux. Ceux-ci, derrière leurs grosses lunettes, jettent des regards courroucés, et relèvent leur robe en danger.

Il y a encore les courtiers à domicile apportant aux Européens nouvellement venus tous les rebuts et toutes les loques de leurs patrons, pour lesquels ils demandent des prix fous. Ils étalent ensuite les armures d’anciens guerriers, doublées de plaques de cuir bouilli pour amortir les coups de sabre ; les paravents brodés ou peints sur soie, les panneaux représentant des guerriers aux allures étranges ; les jades finement travaillés ; tout un assortiment de gaines de sabres sculptées ; des couteaux et des poignards dont les manches, en bois dur, représentent des dragons entrelacés en un fouillis inextricable, dénotant chez l’artiste qui les a sculptés une pa-