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impassible, sans expression, sous les yeux de la populace qui les regarde défiler, dans leurs vêtements bleus de condamnés, suivis par un garde-chiourme, bon enfant aussi, qui les laisse causer entre eux ou avec quelque passant, quand celui-ci ne craint pas de se compromettre en pareille compagnie. Les peines ne sont cependant guère proportionnées aux fautes commises, et à Seoul, il ne serait pas difficile de trouver des innocents dans les cachots, où on les a jetés sur la dénonciation d’un ennemi plus puissant.

À cette heure tardive de la nuit, c’est encore le bruit étrange, le roulement précipité des bâtons à repasser le linge, que l’on entend dans le silence des rues ; faible dans le lointain, il se continue tout près de moi, en un galop furieux et incessant. Combien je plains ces pauvres femmes assujetties à un tel labeur, nuit et jour. Si leur mentalité travaille en même temps que leurs bras agiles, elles doivent penser aux sorcières, aux mauvais esprits qui viendront peut-être tout à l’heure, — quand la maison sera redevenue silencieuse — renverser la marmite, ou la remplir de cendres, et de telles pensées précipitent leurs mouvements jusqu’à ce qu’une image moins effrayante, ou la vue de leur enfant endormi, vienne les ramener à la réalité.



Nous avons vu déjà les étalages coréens, pauvres expositions d’objets les plus usuels et les plus disparates, représentant à peine quelques piastres de