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devant moi, précédée d’un homme portant une lanterne sourde, malgré la clarté de la lune. Ce sont les braves pandores qui font leur ronde nocturne, et ici aussi le gendarme exécute formellement la consigne. Il doit avoir une lanterne sourde allumée à partir de la tombée du jour, et ce n’est pas la présence de la lune qui peut l’en empêcher.

Si la police est bon enfant, les prisonniers le sont bien davantage encore. J’ai rencontré fréquemment dans les rues des agents conduisant à la prison voisine leur capture, et je n’ai pas été peu surpris de voir avec quelle docilité de grands gaillards, forts et vigoureux, se laissaient conduire par un ou deux agents de dix-huit à vingt ans. Les prisonniers sont parfois six, huit, attachés tous ensemble et en ligne, par une simple ficelle leur liant les poignets, et suivis par un agent à deux ou trois mètres en arrière. Il leur suffirait d’un faible effort pour briser leurs liens et s’enfuir, et je me suis demandé souvent ce qui arriverait de nos « apaches » si on ne les ligottait pas plus sérieusement pour les conduire « à l’ombre ».

Ici, le coupable ne résiste pas. Et cependant il sait qu’il ira moisir dans une prison, pour en ressortir un jour, la cangue au cou, la grande parfois, qu’il sera obligé de porter avec les deux bras afin de pouvoir marcher, et de ne pas avoir le cou brisé.

Ceux qui sont condamnés à des travaux forcés à temps, sont attachés deux à deux, par une chaîne fixée à la jambe et à la ceinture, et on les voit à Seoul occupés à l’entretien des cours des palais et des ministères.

Tous ces prisonniers ont la mine étiolée, blafarde, de gens mal nourris, mais ils gardent un visage