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— « C’est de la musique pour bêtes féroces ! Vraiment, je ne m’attendais pas à un tel charivari ! Quel contraste avec l’allure paisible du Coréen ! C’est à devenir sourd ! »

— « Ne faites pas attention au bruit, répondis-je, et regardez les danseurs de corde, les sauteurs qui exécutent des sauts périlleux et des exercices acrobatiques dans le genre de ce que nous pouvons voir, en beaucoup mieux, chez nous. »

Voici un jongleur, qui, avec le détestable éclairage, manque souvent sa balle. Puis ce sont des pyramides humaines exécutées par des enfants sales au delà de toute expression ; puis des hommes masqués qui débitent quelques bonnes farces, dont les passages lestes sont soulignés par le tambourin. La salle rit aux éclats ; c’est sûrement très drôle, et accompagné — en tous cas — de gestes très… expressifs.

Nos gaillards disparaissent maintenant, et la comédie va commencer. On joue le Bois sec refleuri, légende coréenne, qui fut traduite en français[1].

On ne donne chaque soir que deux ou trois actes de la pièce, et il faut venir plusieurs fois de suite pour assister à la représentation complète. Les scènes sont jouées, comme au théâtre japonais, avec les mille détails de la vie ordinaire, ce qui rend les spectacles fort longs.

Le jeu des acteurs coréens est naturel, exact et il est aisé de comprendre leur mimique. Malheureusement, c’est un homme qui remplit le rôle de la jeune femme, et on a choisi pour cela le plus grand et celui qui a la plus grosse voix de la troupe. Néanmoins ces représentations sont curieuses.

  1. Bibliothèque de vulgarisation du musée Guimet.