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bœufs transportent ensuite à Seoul. C’est par là que vient la pierre de Kang-hoa, fameux granit bleu avec lequel on a bâti les beaux monuments de la capitale. Ici encore se trouve le bac pour les piétons et les animaux se rendant à Tchemoulpo par la route qui reliait seule — il y a quelques années — la capitale à son port.

En aval de Ma-po, on aperçoit, perché sur son rocher, le petit village de Hian-houa-tchine, où se trouve le cimetière des étrangers dont — hélas — beaucoup de coins sont occupés maintenant.

L’animation de ce petit port est fort curieuse. Voici une file de coolies qui chargent et déchargent les barques avec un vacarme de cris et de chants d’après lequel on pourrait croire à la présence d’une véritable foule, tandis qu’ils ne sont qu’une centaine occupés à charger du riz sur des chars à bœufs, aux antiques roues de bois cerclées de fer qui grinceront tout à l’heure sur la grande route.

En hiver, le fleuve large de six cents mètres est complètement gelé, et pour le passage du bac, lorsque la glace n’est pas ou n’est plus assez forte pour livrer passage aux charges et aux véhicules, on établit un va-et-vient continuel entre les deux rives, dans le chenal pratiqué à travers la glace, afin que celle-ci n’ait pas le temps de se ressouder.

Spectacle curieux que le départ du bac conduit à la godille par un seul batelier, et dans lequel s’entasse, avec force cris et exclamations, la foule la plus hétéroclite qui se puisse imaginer. La chaise d’une dame élégante, entourée de ses servantes, voisine avec de gros bœufs et taureaux, si puissants et si paisibles pourtant, et qu’un enfant mène avec une simple corde en paille.