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tisser des pièces de soie, en compagnie de ses femmes, sans jamais se départir de son labeur quotidien. Sur chaque pièce elle brodait des caractères signifiant : « La soie de l’ancien bienfait ». Il arriva qu’un jour son mari, la trouvant toujours à cette occupation, lui demanda pourquoi elle prenait tant de peine à tisser de la soie qu’il lui était si facile d’acheter. Elle lui conta alors toute son histoire. Il en fut très touché, et promit de retrouver son beau-frère d’adoption. Grâce à sa haute situation il fut autorisé à faire rechercher en Corée le marchand Hong Mou que tout le monde avait perdu de vue et oublié. Bientôt le gouvernement lança une proclamation dans le royaume, ordonnant à tous les magistrats de le rechercher : ce qui fut fait immédiatement.

Un jour, Hong Mou, dans ses voyages à travers le pays, lut un placard annonçant sa recherche, et s’en fut déclarer — tout joyeux — au gouverneur de la province que c’était lui, l’homme que l’on cherchait. Ce ne fut pas sans peine qu’il persuada le gouverneur de son identité, car ce dernier avait peine à voir dans ce pauvre hère le marchand que réclamait la cour de Chine. Enfin il fut envoyé à Nanking avec une suite de soldats et de domestiques. Sa sœur d’adoption, avertie de son arrivée, alla à sa rencontre, et lui porta les cent pièces de magnifique soie qu’elle avait tissées pour lui avec l’expression de sa reconnaissance infinie. Le ministre y joignit de superbes présents, et l’empereur de Chine, mis au courant de cette affaire, pria le roi de Corée, son vassal, de donner à Hong Mou une place de fonctionnaire bien rétribuée. Il fut fait suivant son désir et le roi Seun-tjo (1568) joignit à la charge