Page:Bourdaret - En Corée.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand l’indépendance du pays fut proclamée, on s’empressa de démolir cet arc qui rappelait tout un passé de vassalité, et d’élever à côté une lourde et disgracieuse construction, qui fut appelée l’arc de l’Indépendance, Tok-nim-moun, fini en 1898.

Nous sommes ici, tout au pied du quartier japonais et de la colline de la Mission catholique, et parmi les nombreuses légendes qui donnent à chaque quartier de la capitale un intérêt compensant un peu la saleté de ses ruelles nauséabondes, celle de Ko-hone-dan-khol ou du « quartier de la Soie-de-l’Ancien-Bienfait » est une des plus jolies que j’aie recueillies. Elle vous montrera le Coréen sous un jour nouveau.

Il y a quelques centaines d’années, un marchand de ginseng étant allé à Nanking vendre sa précieuse racine, réalisa un énorme bénéfice, et tout heureux décida de mener avec cet argent une joyeuse vie.

Une vieille femme à qui il s’adressa lui proposa de lui faire acheter une charmante jeune fille qu’elle connaissait et qui — à cause de sa pauvreté — voulait se vendre. Hong Mou (c’était le nom du marchand) se décida sur-le-champ quand il eut entendu la vieille lui détailler la beauté de la jeune fille. Rendez-vous fut pris. Mais quand celle-ci se présenta devant lui, si belle, si distinguée, si honteuse de se trouver l’objet d’un pareil marché, il la questionna, ne pouvant croire à la déchéance d’une si charmante personne. Elle lui dit alors qu’elle était orpheline, que la mort de son père avait obligé sa mère à vendre ses biens pour lui faire des funérailles dignes de leur rang ; que, sa mère étant morte à son tour depuis peu, elle ne pouvait subvenir aux