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Ce palais fut toujours considéré comme un lieu maudit, et c’est là que furent logés les ambassadeurs de la dynastie mandchoue. Les Coréens avaient fait placer sur la tour du Name-bieul-koung, en hommage de fidélité aux Mings, quand ils furent renversés par les Mandchous, une inscription qui exprimait leur affliction de la chute de cette dynastie : Myong-soul-lou, ou Tour des Mings détrônés. Les ambassadeurs mandchous, courroucés de cette inscription révolutionnaire, demandèrent des explications au roi. On leur répondit (voyez la finesse de la langue chinoise et la signification multiple des mêmes caractères) que leur courroux était incompréhensible ; que cette inscription signifiait : « Tour d’où l’on voit la blancheur de la neige », et l’inscription fut alors trouvée très poétique par les envoyés du Céleste Empire.

Ceci m’amène à dire que pendant sa vassalité (la Chine ne reconnut l’indépendance de la Corée qu’en 1895, après la guerre sino-japonaise) les ambassadeurs chinois venaient chaque année à la capitale apporter le calendrier et les souhaits de la cour de Pékin, et recevoir le tribut. Le roi de Corée se rendait au-devant d’eux, sous l’arc de la Dépendance, à Mo-houa-rouanne, en dehors de la porte de l’Ouest. La veille de cette cérémonie, les ambassadeurs logeaient au pavillon de Houng-tchai-kouen, à une demi-heure au nord de Seoul, dans la vallée des « Muguets », séparée de la vallée de la capitale par la « passe de Pékin ». Après cette réception sous l’arc de la Dépendance, les ambassadeurs des Mings entraient dans la ville, et étaient logés au Tai-piong-Kouanne, ceux des « Tchoun » à Name-bieul-koung.