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Entre la porte du Sud et la petite porte de l’Ouest, par où passent les enterrements, d’antiques bâtiments à moitié vermoulus abritent l’artillerie coréenne : canons Maxim à tir rapide, vendus au gouvernement depuis deux ans, et qui sont précieusement gardés dans ces bâtiments. Jamais une manœuvre n’a été accomplie par les Coréens avec ces armes nouvelles, depuis les démonstrations du vendeur, auxquelles peu d’officiers ont daigné assister d’ailleurs, quoiqu’ils n’eussent de leur vie vu semblables engins.

À l’entrée du quartier Japonais, se trouve un monument intéressant, le Houang-tane (autel du Couronnement), qui a une histoire fort curieuse.

Cet autel fut construit sur l’emplacement d’un ancien palais, dont il ne reste qu’une tour légendaire, le Name-bieul-koung. Ce palais avait été élevé par le roi Tai-Tjong pour y loger son gendre Tai-Rime, fils d’un favori. Ce Tai-Rime abusa de l’affection royale, et commit tous les excès possibles. La grande tour qui subsiste encore lui servait, dit-on, d’observatoire du haut duquel il désignait à ses hommes — lorsqu’elles passaient sous ses fenêtres — les chaises de dames qu’il supposait jolies, et qu’il faisait enlever. Il était haï par toute la haute société à cause de ses débauches et de la facilité avec laquelle il vendait les places de fonctionnaires pour se procurer de l’argent. La coutume à cette époque était de marquer en noir les portes des demeures des fonctionnaires indélicats. La sienne fut bientôt noircie, et tout le peuple l’appelait la porte Noire. Finalement il fut tué par deux officiers, qui débarrassèrent ainsi le royaume de ce prince exécré.