Page:Bourdaret - En Corée.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

balancer leur influence chaque jour plus grande — dans ce malheureux royaume qui ne savait pas être maître chez lui — que Li Hong-tchang avait suggéré au roi de Corée l’idée d’ouvrir son pays aux Européens. Il n’était pas jusqu’aux soldats, jusqu’aux gardes du palais sur lesquels les Japonais n’eussent la haute main. La reine Mine, très intelligente, très intrigante aussi, mais qui, en somme, se défendait avec énergie, elle, son mari et son fils, se montrait une rude adversaire des Japonais. Elle était parvenue à placer près du roi les Mine, ses propres parents, et elle espérait — grâce à cet entourage — tenir tête au cabinet officiel uniquement occupé de plaire aux Japonais. Sur ces entrefaites, dans un moment de relâchement de surveillance, le 7 octobre, pendant la révolte des Koun-ryen-tai, le palais se trouva sans défense et toutes ses portes ouvertes. Dans la nuit du 8 octobre les émeutiers y pénétrèrent. L’alarme donnée, on s’aperçut que les Japonais entouraient le palais. Les soldats coréens refusèrent d’obéir à leur colonel Hong et tirèrent sur lui. Il tomba percé de balles, haché de coups de sabre. Les gardes s’enfuirent sans brûler une cartouche, paraît-il, et les émeutiers pénétrèrent de toutes parts dans l’enceinte impériale.

Une bande de soldats japonais arriva jusqu’aux appartements de la famille royale. Ce fut dès lors une poursuite infernale à la recherche de la reine qui était surtout visée. De crainte qu’elle ne leur échappât, les assassins frappèrent toutes les femmes qu’ils rencontrèrent. Quatre furent massacrées, et l’une d’elles — suivant le récit fait par une servante — était la reine Mine qui fut assommée, piétinée, et achevée à coups de sabre. Elle n’avait