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tinguée par une austérité et un goût parfaits. Les architectes ont surtout eu le talent de toujours profiter du pittoresque naturel d’un site, si bien que le monument semble destiné à rehausser le paysage, et celui-ci fait exprès pour mettre en valeur le monument.

Le trône (he-tap ou hion-san, le lit du dragon) est encore un excellent travail coréen, et fait l’effet d’un mirhab dans une mosquée. En résumé l’ensemble de cette salle haute et sombre est grandiose, et devait former un cadre majestueux aux solennités royales. Les bois qui ont servi à sa construction venaient du Nord, et furent amenés sur des chars traînés par douze et quinze bœufs. Nous avons revu à Seoul ces transports pendant la construction de la nouvelle salle d’audience du palais actuel.

Depuis 1895, la cour a déserté le vieux Kiong-bok, et des moineaux habitent seuls le fouillis des arbalétriers et des poutrelles qui soutiennent son énorme toiture.

Il faut se reporter à l’époque qui a précédé l’occupation Japonaise et l’entrée des étrangers en Corée pour se figurer ce qu’était ce vieux palais, résidence du roi, souverain absolu, maître de la vie et des biens de ses sujets, et ce que pouvait être la cour de ce monarque de l’Orient jaune. Il avait, comme tous les princes asiatiques, ses harems où ses concubines étaient gardées par les eunuques tout-puissants. Ces femmes, ainsi que la reine, ne sortaient jamais de l’enceinte muraillée. Elles n’avaient pour se promener que les jardins et les bosquets dont nous voyons aujourd’hui les allées abandonnées. La reine n’en tenait pas moins — du fond du harem royal — les fils de toutes les intri-