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quebot est un spectacle toujours nouveau, toujours attrayant ! Du pont je ne voyais que des robes blanches immaculées ; mais du sampan, qui me conduit à terre, je constate que si le blanc est la couleur nationale du vêtement coréen, il lui est permis de passer par toutes les teintes consécutives, de la légère grisaille au plus beau noir ciré, à en juger par les guenilles puantes et crasseuses de mon batelier. Celui-ci est pieds et tête nus. Son petit chignon, attaché solidement en boule sur le sommet de la tête. lui donne l’air drôle, ni homme ni femme.

Sur le quai, je suis — ainsi que les autres voyageurs européens — la curiosité des badauds, ne pouvant être la proie des coolies porteurs de valises, puisque je ne débarque que pour quelques heures seulement.

Voici de nobles fonctionnaires, à l’air vénérable, à la barbiche blanche. Ils déambulent gracieusement, avec leur robe empesée, serrée sous les bras par un cordon de soie de couleur claire, et qui bouffe et s’arrondit dans le balancement de leur marche lente. Leurs pieds sont chaussés de souliers de cuir blanc ; leur chignon, retenu dans un serre-tête en crin, est recouvert par un chapeau, le plus extraordinaire qui se puisse voir. Il s’emboîte exactement sur le serre-tête et est retenu sous le menton, par un ruban de soie noire, ou une file de tubes de bambou séparés par de petites boules d’ambre. Ce chapeau est en crin et en bambou noirci, et cette œuvre de patience ne se fabrique pas partout, mais justement près de Foussane, et dans l’île de Quelpaert. C’est de là que s’exportent, non montées, ces étranges coiffures, transparentes, glacées et noircies qui valent jusqu’à 50 francs. Ce chapeau comprend