Page:Bourdaret - En Corée.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le repas du roi comprend plus particulièrement deux bols de riz : l’un contenant simplement du riz, l’autre du riz avec des pois. Il comprend — en outre — les meilleurs mets bien entendu.

À part le riz, les plats — s’ils sont nombreux — sont peu volumineux. Ils sont servis tous à la fois sur de petites tables de trente centimètres de hauteur, placées devant chaque convive. Les Coréens mangent accroupis, en silence, avec infiniment de propreté, leur attention tout entière absorbée par la manœuvre délicate qu’ils sont obligés de faire au-dessus de toutes ces petites tasses, peu stables, qui sont placées devant eux.

Mais on aurait une mauvaise opinion de leur appétit, extraordinaire quand la table est abondamment servie, en les jugeant seulement sur ce qu’on peut voir au restaurant ou à l’auberge où leur bourse le limite. Leur voracité est extrême. Ils ne mangent pas pour satisfaire leur faim, mais pour se remplir. Et c’est dès l’enfance que cette bonne habitude leur est inculquée.

Quand la mère alimente au riz son enfant, et que celui-ci ne peut plus en prendre un grain, elle le couche sur ses genoux, et continue à le bourrer, tandis qu’avec la cuillère elle frappe sur son ventre et son estomac pour tasser et accumuler le plus possible de nourriture. Aussi, on rencontre des enfants — et en été c’est facile à reconnaître, car ils jouent tout nus dans les rues — dont le ventre ballonne d’une façon extraordinaire. Ils ont l’air de petits monstres, et leurs jambes plient sous leur poids !

Quand un adulte est bien repu, il fait entendre de bruyantes éructations et autres bruits intempestifs,