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couper un seul arbre, voire même d’en ramasser le bois mort, autrement qu’avec l’autorisation des gardiens. On voit encore quelques arbres isolés, arbres sacrés, fétiches vénérés où chacun vient formuler un vœu et accrocher un chiffon.


On n’aperçoit de Foussane que le quartier européen installé au fond du port. C’est là que se trouvent les bâtiments de la douane coréenne et du commissaire des douanes, les banques, les commerçants japonais qui — à eux seuls — ont accaparé toutes les affaires. La ville coréenne est sur la droite, cachée par un contrefort, de sorte que du bateau on ne voit qu’un pclit groupe de constructions, de style européen ou japonais et quelques hangars.

Ce n’est plus l’aspect riant de la côte japonaise, et cependant le soleil a chassé depuis longtemps les brumes ; la mer étincelle, et les montagnes se détachent blanches, bien découpées, dans le ciel d’un bleu pâle incomparable.

Ce qui attire dès le premier instant le regard du voyageur nouveau venu en Corée, c’est l’aspect du port lui-même, peu encombré par quelques petits bateaux de pêche ou à vapeur qui font le service de la côte, mais littéralement couvert, à chaque arrivée de malle, d’une infinité de curieux et de travailleurs — débardeurs ou coolies — attirés là par l’appât d’un gain.

De loin, on se demande si ce sont des oiseaux qui se sont abattus sur la côte, si ce sont des rangs serrés de pélicans au blanc plumage ? De près, cette masse s’agite, crie, rit ou fume : ce sont des Coréens, tout de blanc vêtus, la pipe à la main, coiffés de noir et chaussés de paille, pour qui l’arrivée d’un pa-