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D’ailleurs sur ce sujet délicat il y a beaucoup à dire. Les Coréens ont une conception très personnelle du mystère et de la pudeur dont on doit entourer certaines fonctions. Les hommes n’usent pour ainsi dire pas de ce modeste recoin laissé aux femmes ; ils préfèrent le grand air, et ne se gênent nullement. C’est une des surprises que la rue réserve à chaque instant au pauvre touriste qui n’en finit pas de se boucher le nez, et de s’étonner de ce qu’il voit.

Il me reste à dire quelques mots du chauffage dont les Coréens ont dû se préoccuper de toute antiquité, le climat étant rude en hiver, et de toute antiquité voici le procédé qu’ils emploient, immuable dans son application.

Les foyers sont très sommaires : quelques pierres entre lesquelles des trous sont ménagés pour recevoir le bois ou les feuilles, car la Corée se chauffe uniquement avec des végétaux. La cheminée consiste en conduits qui suivent horizontalement, sous le dallage, la pièce dans toute sa longueur, et viennent sortir dans le mur, sur la ruelle voisine. Ceci explique l’énorme fumée suffocante des rues à partir de cinq heures du soir. Il y a plusieurs foyers. L’un chauffe la chambre de la maîtresse de la maison, un autre celle de sa bru, un autre celle des domestiques, etc. Comme l’orifice de dégagement de ces tuyaux est, en général, très bas, il arrive fréquemment dans les ruelles à courants d’air, que le tirage se fait mal, et que la fumée se répand dans toute la maison. Les ferblantiers fabriquent pour remédier à cet inconvénient, avec de vieilles caisses à pétrole, des tuyaux de cheminée carrés, de vingt-cinq centimètres de côté qui émergent dans la ruelle, et montent jusqu’au toit. Malgré cet énorme appen-