Page:Bourdaret - En Corée.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à une petite distance de la terre. À droite et à gauche, des îlots arides ; dans le fond, une ceinture de collines granitiques, couvertes autrefois d’une forêt de pins, n’offrent plus que des flancs dénudés dans lesquels les eaux ont creusé des ravines profondes.

Du port on aperçoit des quantités de jonques montées par des hommes habillés de blanc, et menées à la godille. Elles s’avancent vers nous, poussées rapidement en cadence. Les chants des bateliers s’égrènent sur l’eau et montent jusqu’à notre pont, comme pour souhaiter la bienvenue au voyageur ventru qui apporte dans ses flancs, avec des vivres, des caisses dont le déchargement va durer plusieurs heures, et procurer un gain à tout ce petit peuple affairé qui s’entasse maintenant sur le quai en rumeur.

Nous stoppons. Devant nous, sur la côte, un bois de pins a résisté à la hache du bûcheron. C’est l’emplacement d’un tombeau ; un autel se montre à travers les branches des arbres.

Le voyageur s’étonne de cette absence de végétation, dans un pays autrefois couvert d’épaisses forêts. C’est qu’ici les habitants ont pris soin de leurs bois, ils les ont transformés… en fumée. Autour des agglomérations importantes, il n’y a plus d’arbres, pas un seul n’est conservé. Chacun prend et coupe où il veut, et ce n’est que tout dernièrement que le gouvernement, ému enfin de la dévastation des forêts, a ordonné aux gouverneurs de replanter de jeunes arbres, et de veiller à ce qu’on ne coupe que les plus gros.

Près des villes, les seuls bouquets de pins sont ceux qui poussent sur les collines renfermant un tombeau d’une grande famille, où il est interdit de