les douze coolies qui, appuyés sur un gourdin, avancent ou reculent d’un pas, en cadence. Voilà un piétinement en musique dont ne s’accommoderait guère un entrepreneur européen ! Heureusement que pour les maisons ordinaires dont les propriétaires n’ont pas les moyens, comme le palais impérial, d’avoir des terrassiers-chanteurs, la besogne va plus vite et est — en outre — beaucoup moins compliquée.
L’ossature de la maison est donc en charpente et les piliers reposent sur des dés en pierre simplement enfoncés dans le sol. Ces piliers sont réunis par des poutres horizontales formant cadres et pannes, et la charpente se compose d’une combinaison compliquée de pièces de bois énormes et découpées aux encastrements dans les piliers jusqu’à n’avoir plus qu’une section extrêmement faible, ce qui n’empêche pas que jamais le charpentier coréen ne comprendra l’inutilité de ces énormes poutres dont le point faible est encore aminci. Il faut cependant que cette charpente soit robuste — et elle l’est parce qu’on y emploie beaucoup de bois — car elle supporte un matelas en terre de vingt-cinq à trente centimètres d’épaisseur, sur lequel se placent soit le chaume, soit les tuiles, lesquelles sont elles-mêmes excessivement lourdes.
Pour les portes et les fenêtres on réserve des encadrements en bois, et le reste de l’espace entre les piliers verticaux est rempli avec un treillage de bâtons auxquels sont attachés les moellons à l’aide de cordes de paille. Tel est le type d’une maison qui se respecte. Ajoutons que les angles des toits sont légèrement relevés à la manière chinoise. Dans les constructions soignées le soubassement est fait en blocs de granit sur une hauteur d’un mètre